Tour d’horizon des mobilisations du 1er Mai 2013

Le 1er Mai est cette journée où, aux quatre coins du monde, la classe ouvrière se mobilise et manifeste pour ses revendications. C’est une journée où la conclusion du Manifeste Communiste « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » prend tout son sens, et faire un petit tour d’horizon des manifestations du 1er Mai permet de donner un aperçu des forces et des revendications principales de notre classe sociale. Bien sûr, les contextes sont différents, dans plusieurs pays le 1er Mai n’est pas un jour férié et il y a aussi des pays où toute manifestation ouvrière est violemment réprimée. Par contre, dans le contexte de la crise du capitalisme, ce 1er Mai a été dans bien des pays à la fois par les revendications ouvrières contre le chômage et l’austérité, comme en Europe du Sud, au Chili ou au Maghreb, mais aussi de la lutte contre le racisme et autres divisions et discriminations comme en Allemagne, aux Etats-Unis, à Tunis ou à Hong-Kong.

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Commençons ce tour d’horizon par la France. La police a annoncé 97.300 manifestants et la CGT 160.000 manifestants pour ce 1er Mai. Certes ce n’était pas un 1er Mai historique, mais, surtout dans les villes où le temps était favorable, on a pu voir de belles manifestations comme à Caen avec 2.000 manifestants, à Bordeaux avec 8.000 manifestants ou à Besançon avec 1.400 manifestants. Ceci est d’autant plus à souligner que la CFDT, qui reste le deuxième syndicat en France, appelait à ne pas manifester. Partout, les manifestants ont souligné leur dégoût de la politique du PS qui est la même que celle de l’UMP, leur refus de l’application de l’ANI, et de la lutte contre les licenciements comme à Paris avec les ouvriers de PSA Aulnay ou à Florange avec les travailleurs d’ArcelorMittal. Surtout, ce qu’il convient de souligner c’est que si la presse a mis en avant le rassemblement parisien de Marine Le Pen, les manifestations syndicales ont rassemblé au moins dix fois plus de monde que l’extrême-droite. En France comme ailleurs, le 1er Mai appartient aux travailleurs, français ou immigrés, avec ou sans-papiers, pas à une fille de millionnaire raciste ! A noter qu’à Paris, des nervis de l’extrême-droite ont agressé des militants anti-racistes qui rendaient hommage à Brahim Bouarram, jeune marocain assassiné le 1er Mai 1995 par des sympathisants du Front National. Cette violence des brutes d’extrême-droite, la bourgeoisie saura l’utiliser demain, si elle en a besoin, contre le mouvement ouvrier organisé.

En Allemagne, la DGB a comptabilisé 439 manifestations et rassemblements, mobilisant au total 425.600 travailleurs. Au cœur des revendications, la lutte contre les bas salaires, et dès le 2 mai ce sont 50.000 métallos qui se sont mis en grève pour des hausses de salaires. Ce 1er Mai 2013 a aussi été l’occasion pour les organisations ouvrières et les antifascistes de se mobiliser contre les tentatives de l’extrême-droite néo-nazie de défiler et de crier ses appels à la haine. A Dortmund par exemple, la manifestation syndicale et antifasciste a rassemblé 3.500 personnes, alors que les néo-nazis étaient à peine 400. A Francfort (Main), entre 2.000 et 3.000 antifascistes ont bloqué et empêcher le défilé de 150 néo-nazis. A Berlin, ce sont 5.000 manifestants qui se sont rassemblé à Schöneweide face à 200 fascistes du NPD. A Erfurt, ce sont plus d’un millier d’antifascistes qui se sont opposés à la marche de 300 néo-nazis.

En Suisse, la manifestation à Genève a rassemblé 3.500 personnes tant sur des revendications ouvrières comme un salaire minimum à 4.000 francs que pour la défense du droit d’asile, revendications défendues aussi en allemand à Zurich ou en italien à Lugano. A Aarhus (Danemark), la foule a montré son ras-le-bol des politiques d’austérité face à Helle Thorning-Schmidt, chef du gouvernement social-démocrate danois. Un jeune homme qui avait tenté de tirer sur la ministre avec un pistolet à eau a été arrêté. Dans toute l’Europe du Nord, des manifestations ont rassemblé des milliers de travailleurs comme en Suède, en Finlande ou en Norvège. Dans ces pays, comme en Allemagne et en Grande-Bretagne, nos camarades du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran ont organisé des cortèges.

En Europe du Sud, le 1er Mai a été l’occasion pour les travailleurs de manifester leur refus des violentes politiques d’austérité imposées par les gouvernements. En Espagne, ce sont 40.000 personnes qui ont manifesté à Madrid, ainsi que dans toutes les villes du pays. Selon les syndicats, ce sont en tout 160.000 personnes qui ont manifesté en Espagne ce 1er Mai, soit 60.000 de plus qu’en 2012. Au Portugal, des milliers de personnes ont manifesté à Lisbonne ainsi que dans les autres villes. En Grèce, on a observé de fortes manifestations à Athènes et Thessalonique ; ce 1er Mai n’ayant pas été un jour férié, des appels à la grève ont été particulièrement bien suivis comme chez les marins ou dans la presse et les médias où la grève été totale. A noter à Athènes, un cortège de travailleurs immigrés, en particulier du Bangladesh, qui protestaient suite aux tirs de milices patronales contre des ouvriers agricoles. Dans les Balkans aussi, la classe ouvrière s’est mobilisée. A Zagreb (Croatie), ce sont 20.000 travailleurs qui ont manifesté à l’appel des différents syndicats contre les politiques d’austérité, alors qu’à Belgrade (Serbie), 1500 personnes ont manifesté dans les rues. A Tirana (Albanie), la Place Skanderbeg était noire de monde et les manifestants ont scandé des slogans comme « Liberté des travailleurs, liberté sociale » et « Vive le 1er Mai, à bas le capitalisme ».

Il serait trop long d’énumérer toutes les manifestations du 1er Mai en Europe où l’on a manifesté de Dublin à Vladivostok, en passant par toutes les villes importantes comme Wroclaw, Varsovie, Budapest, Prague, ou Kiev. A Tbilissi (Géorgie), la police est intervenue pour disperser la marche pacifique des travailleurs et trente personnes ont été arrêtées. A Saint-Pétersbourg (Russie), on a noté au sein de la manifestation un fort cortège de travailleurs gays et de travailleuses lesbiennes contre les discriminations homophobes.

En Turquie, les autorités turques ont voulu interdire l’accès à la Place Taksim d’Istanbul aux manifestants pour ce 1er Mai 2013, d’où des affrontements entre ouvriers et forces de répression. Plusieurs manifestants ont été gravement blessés. Les travailleurs ont aussi manifesté à Ankara et dans la plupart des villes du pays.

Plus au sud, des manifestations ont eu lieu dans la plupart des villes du Moyen-Orient. On a noté par exemple une belle manifestation à Beyrouth (Liban), 2.000 personnes dans les rues d’Amman (Jordanie), ainsi que des manifestations en Irak comme à Bagdad et à Bassora. Le 1er Mai n’étant pas un jour férié en Israël, des milliers de travailleurs, Juifs et Arabes, ont manifesté le 27 avril à Nazareth. Le jour du 1er Mai, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes comme Tel Aviv, Haïfa et Beer Sheeva. A chaque fois, les manifestants ont dénoncé les politiques d’austérité, les divisions racistes et le militarisme. A Tel Aviv par exemple, la banderole de tête reprenait en hébreux et en arabe la célèbre phrase « travailleurs de tous les pays, unissons-nous ». De l’autre côté du mur, en Palestine, les travailleurs ont aussi manifesté comme dans le centre de Gaza. Au Bahreïn, les ouvriers ont manifesté dans des villes et villages contre la dictature et le chômage, affrontant à plusieurs endroits les forces de répression aidées de militaires saoudiens.

En Iran, malgré la répression, les militants ouvriers ont pu organiser une manifestation à Sanandaj (Kurdistan) déployant des banderoles rouges et scandant des slogans comme « Travailleurs de tous les pays, unissons-nous » ou « liberté pour les prisonniers politiques ». A Téhéran, des centaines de travailleurs se sont rassemblés devant le parlement avant d’être dispersés par les forces de répression et les conducteurs de bus ont tenu une réunion sur leur lieu de travail pour célébrer le 1er Mai. Depuis la prison Evin de Téhéran, le militant ouvrier Reza Shahabi a transmis une déclaration pour ce 1er Mai 2013 où figure une liste de revendications concernant les salaires, l’emploi, le droit de grève, mais aussi la libération des prisonniers politiques, l’abolition de la peine de mort et la lutte contre les discriminations, que ce soit contre le racisme à l’encontre des travailleurs immigrés afghans et contre les discriminations sexistes à l’encontre des femmes.

Dans l’ensemble du sous-continent indien, des manifestations importantes ont eu lieu comme au Pakistan, en Inde, au Sri Lanka ou au Népal. Après le terrible accident de travail qui a causé la mort de plus de 500 travailleuses du textile au Bangladesh, c’est à Dacca qu’a eu lieu la plus forte mobilisation. Ce sont des dizaines de milliers de manifestantes et de manifestants qui ont défilé sous les drapeaux rouges dans les rues de Dacca, réclamant des conditions de travail décentes et sécurisée pour les ouvrières, lançant aussi des slogans de colère comme « Pendez les propriétaires d’ateliers », « Action directe ! » ou « Mon frère est mort, ma sœur est morte, leur sang ne restera pas sans réponse ». En Indonésie, 55.000 travailleurs ont manifesté à Jakarta. Au Cambodge, près de 10.000 ouvriers et les ouvrières du textile se sont mobilisés dans les rues de Phnom Penh pour une hausse du salaire minimum à 150 dollars. Aux Philippines, des milliers et des milliers de travailleurs ont manifesté à Manille scandant des slogans comme « A bas les privatisations et la sous-traitance », ou « Hausse des salaires ! ». Les ouvriers philippins revendiquent en effet une revalorisation de trois dollars du salaire minimum aujourd’hui fixé à 11 dollars.

A Taïwan, ce sont plus de 20.000 travailleurs qui ont manifesté dans les rues de Taipeh contre l’austérité et les attaques contre les retraites. En Chine, une importante manifestation du 1er Mai s’est déroulée à Hong Kong où les travailleurs ont manifesté en solidarité avec les dockers en grève. Toujours en Extrême-Orient, on note une forte mobilisation à Tokyo (Japon) avec plus de 21.000 manifestants pour l’emploi et les salaires ainsi qu’à Séoul (Corée du Sud) avec plus de 10.000 travailleurs mobilisés.

En Afrique aussi, la classe ouvrière s’est mobilisée pour ce 1er Mai 2013. Au Maroc, la presse note une forte mobilisation en particulier à Rabat et à Casablanca. Les travailleurs marocains ont manifesté contre les politiques d’austérité et pour la défense des libertés syndicales. A Rabat, des violences policières ont été commises à l’encontre de syndicalistes de l’UMT. D’autres manifestations ont été organisées à travers le pays comme à Tanger où des militantes et militants communistes ont fait flotter les drapeaux rouges. En Algérie, militants syndicalistes, défenseurs des droits humains, chômeurs et trotskistes du PST ont manifesté dans les rues de Bejaïa contre le pouvoir maffieux et pour les revendications ouvrières. En Tunisie, on note une forte mobilisation à l’appel de l’UGTT à Tunis pour la défense des libertés syndicales menacées par le gouvernement, mais aussi contre la vie chère et le chômage dans ce pays où deux ans après la chute de Ben Ali aucune des revendications ouvrières n’a été satisfaites. Ce 1er Mai a aussi été l’occasion pour les citoyens noirs de Tunisie de manifester contre le racisme dont ils sont victimes. Au Maghreb toujours, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Nouakchott et d’autres villes de Mauritanie pour défendre leurs revendications comme la titularisation des travailleurs précaires ou la hausse des salaires.

Et pour finir avec l’Afrique du Nord, les travailleurs se sont mobilisés au Caire, à Alexandrie, Mahalla et dans les autres villes d’Egypte tant pour leurs revendications économiques que pour défendre le droit de grève et de manifestation. Dans une déclaration pour le 1er Mai commune de 26 organisations syndicales, politiques ou de défense des droits humains, les ouvriers égyptiens ont fait connaître leurs revendications principales comme la hausse du salaire minimum et son indexation sur l’inflation, une politique d’embauche massive des jeunes chômeurs, la garantie de la liberté de grève et d’organisation ainsi que l’amnistie et la libération des travailleurs emprisonnés suite à des mouvements revendicatifs.

A Lomé (Togo), la manifestation du 1er Mai était une manifestation de deuil en mémoire de deux élèves tombés l’un sous les balles et l’autre battu à mort par les forces de sécurité lors de manifestations de soutien à leurs enseignants en grève à Dapaong dans le nord du pays le 15 avril dernier. A Daola (Côte d’Ivoire), les travailleurs ont manifesté sous le mot d’ordre « Tout bouge sauf nos salaires ». Même chose au Burkina Faso, où, à Bobo-Dioulasso comme à Ouagadougou, les ouvriers ont dénoncé la hausse des prix et les salaires trop bas. Au Nigéria, le régime avait déployé de nombreuses forces de répression autour des manifestations du 1er Mai pour empêcher toute critique trop radicale du gouvernement. C’est ainsi qu’en tout, dans différentes villes du pays, douze membres du Mouvement Socialiste Démocratique ont été arrêtés et libérés le 3 mai. A Djouba (Soudan du Sud), il est à noter que cette année c’est la première fois que les travailleurs ont manifesté à l’occasion du 1er Mai. Dans l’Océan Indien, à l’appel de la CGTR, c’est 2.000 travailleurs, essentiellement des dockers et des ouvriers du BTP, qui ont manifesté dans les rues de Saint-Denis à La Réunion pour des revendications similaires à celles des travailleurs de métropole. En Afrique du Sud, l’Association of Mineworkers and Construction Union a organisé un rassemblement à Marikana où en août dernier la police avait ouvert le feu sur les mineurs en grève. Même dans les rassemblements organisés à travers le pays par la COSATU, le principal syndicat lié à l’ANC au pouvoir, ce 1er Mai a été marqué par les revendications ouvrières face au gouvernement, en particulier celles des mineurs et des ouvriers agricoles.

De l’autre côté de l’Atlantique, en Amérique, le 1er Mai a été célébré du Canada à l’Argentine. Au Canada des manifestations ont été organisées dans la plupart des grandes villes. Nos camarades du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran ont ainsi manifesté à Vancouver par exemple. A Montréal, la police a dispersé la manifestation et procédé à 447 arrestations. Aux Etats-Unis, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour le 1er Mai 2013. Depuis 2006, traditionnellement, le 1er Mai est aussi une journée de lutte des travailleurs immigrés pour leur régularisation. Cette année, on a compté des manifestations dans une centaine de villes de New York à Los Angeles. Rien qu’à Los Angeles, la manifestation a rassemblé 50.000 personnes avec des slogans tant en anglais qu’en espagnol, comme »Legalización ! No depertacion ! » (« Régularisation, pas d’expulsion ! »). A Seattle, la manifestation a rassemblé 10.000 personnes. La manifestation s’est déroulée pacifiquement jusqu’en fin d’après-midi où des provocations policières ont conduit à des affrontements. 17 manifestants ont été arrêtés.

A travers toute l’Amérique Latine, les travailleurs sont descendus dans la rue ce 1er Mai. Au Mexique, on note une forte mobilisation à Mexico où les manifestants ont brûlé des images du président Enrique Pena Nieto. A Guerrero et Oxaca, c’est principalement contre la privatisation de l’éducation que l’on s’est mobilisé. A noter qu’à Oxaca, la manifestation s’est terminée en affrontements avec les forces de répression. Au Costa Rica, les manifestants ont protesté à San José contre la venue vendredi 3 mai d’Obama et une émeute a éclaté devant les locaux de l’Assemblée Législative. Vingt manifestants ont été arrêtés. Des affrontements ont aussi opposé manifestants et forces de répression à Bogota (Colombie). A Port-au-Prince (Haïti), les manifestants ont profité du passage du cortège présidentiel qui allait à une foire gastronomique pour crier tout le mal qu’il pense de la politique anti-ouvrière. En Martinique, la manifestation appelée par la CGTM a rassemblé un millier de travailleurs à Fort-de-France. En Guadeloupe, c’est dans l’unité que 2.500 travailleurs se sont rassemblés au Gosier contre le chômage et la vie chère.

Au Brésil, plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à São Paulo à l’appel des syndicats ouvriers et des associations étudiantes. D’autres rassemblements similaires ont eu lieu dans les autres villes du pays. En Bolivie, la Confédération Ouvrière Bolivienne (COB) a annoncé n’avoir rien a fêté en ce 1er Mai et a annoncé une journée de grève nationale contre la politique anti-sociale de Morales pour le lundi 6 mai. A Asuncion (Paraguay), on peut noter un cortège de travailleuses lesbiennes au sein de la manifestation du 1er Mai sous la banderole « Travailleuses lesbiennes contre les discriminations ». Tout au sud du continent, ce sont des milliers de personnes qui se sont mobilisées à Buenos Aires (Argentine) contre le travail précaire. Des manifestations ont aussi eu lieu dans d’autres villes du pays comme à Cordoba où la principale revendication était la libération de 21 personnes arrêtées ces derniers jours dans le cadre de la lutte pour la possession de terres.

A Santiago (Chili), plus de 150.000 personnes ont répondu à l’appel de la manifestation pour des revendications comme des salaires décents, ou l’éducation et la santé gratuites. Sans même faire de sommation, la gendarmerie est intervenue pour disperser très violemment les travailleuses et les travailleurs.

Enfin, pour terminer ce petit tour du monde des manifestations du 1er Mai 2013, notons qu’en Océanie, des manifestations ont été organisées à l’appel des organisations syndicales comme à Cambera ou le 5 mai (le 1er Mai n’est pas férié en Australie) à Sydney en Australie.

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